Marrakech, mon amour
Il est des villes qu’on aime à retardement.
Des villes qu’on maudit d’abord, pour ce qu’elles nous ont volé.
Marrakech, c’était cela.
Un décor somptueux pour une blessure vive.
Un voyage offert à l’homme que j’aimais éperdument,
mais qui n’a jamais su y déposer son cœur.
Pendant vingt ans, j’ai détesté Marrakech.
Elle portait en elle la morsure de mon humiliation,
le parfum d’un amour bafoué,
le goût amer d’un rêve piétiné.
Et puis…
la roue a tourné.
Et je suis revenue.
À Marrakech.
Ce n’était plus la ville de la défaite.
C’était un retour sur mes terres intérieures.
Une réconciliation avec mes fantômes.
Un pèlerinage charnel et lumineux.
Les murs ocre m'ont parlé cette fois.
Ils ne résonnaient plus des cris d’un amour perdu,
mais de la douceur retrouvée,
de la femme que je suis devenue,
à force de ne pas mourir.
J’ai photographié cette ville comme on pardonne :
en effleurant chaque détail,
en recueillant chaque lumière,
en embrassant la poussière rouge comme une seconde peau.
Marrakech, mon amour.
Tu n’étais pas l’erreur.
Tu étais le seuil.