Voir Napoli et mourir

Naples m’a saisie à bras le corps.
Ville de chair, de cri, de lumière brute.
Ici, chaque mur raconte une histoire ; chaque regard, une prière silencieuse ou un défi jeté au ciel.

Naples, c’est la vraie Italie.
Celle qui ne fait pas semblant,
celle qui parle avec les mains, le cœur, les murs qui s’écaillent et les voix qui chantent fort, même quand ça fait mal.

J’ai photographié Naples comme on prend un amant — avec l’urgence du désir couplée à ma propre peur de vivre.

Sous mes pas : les échos d’un peuple vivant, orgueilleux, vertical.
Devant moi : la mer, la mort, les madones aux murs, les linges suspendus comme des drapeaux de paix éphémère.
Dans mon œil : la lumière foudroyante d’un instant volé.

À travers cette série, je n’ai pas cherché à documenter la ville, mais à en recueillir le souffle.
Capter ce moment où la beauté heurte l’âme, où l’intime rejoint l’universel.
Car à Naples, tout est excès. Et parfois, le cœur déborde.

La vie s’invente à chaque coin de rue : la ferveur d’un marché populaire, la tendresse d’un pêcheur au retour du port, les multitudes d’hôtels en hommage à la Vierge Marie, les murs silencieux d’Herculanum jusqu’au Vésuvio endormi, les traversées vers Procida et sa sœur Ischia, îles suspendues hors du temps...

Tout est là, dans cette Italie sans chichi, sans vernis :
on y mange bien, sobrement,
on dort dans des appartements modestes mais pleins d’âme,
et le soleil, inlassablement, vient nourrir la joie simple d’être en vie.

Voir Napoli et mourir, c’est peut-être ça :
Se laisser transpercer.
Et vivre un peu plus fort.