Le papier, la toile, la terre.

L’encre, le fusain, l’aquarelle.

Les pigments à l’huile. La toile tendue.

 

Didier Cros est né dans le Tarn en 1954, à quinze minutes du Musée Goya, à trente minutes du Musée Toulouse Lautrec… Mais aussi au milieu des arbres, près des rivières à truites, sous les ciels aux nuages souvent bousculés dans tous les sens par le vent d’Autan. Très tôt les cueillettes, les champignons, la traque de la belle Fario dans le ruisseau inaccessible. Et le dessin, et la peinture. Et les rencontres qui vont avec, ces aînés peintres qui lui ouvrent les horizons qu’il ne quittera plus jamais des yeux. Il fait partie dès 1973 du groupe toulousain “Peinture Itération” constitué autour de Charles-Pierre Bru, peintre et philosophe, auteur d’un ouvrage de référence pour cette génération confrontée entre autres aux problématiques de l’atonalité, “Les éléments picturaux”.

 

Après ses études d’Arts Plastiques à Aix-en-Provence, à deux pas de l’atelier de Cézanne, il s’installe à Paris et entame dès le début des années 80 le long parcours d’une création libre, exigeante, jamais rassasiée. Une création alimentée, bousculée par les collusions fertiles et enivrantes avec Jean-Claude Pirotte ou Christian Bobin par exemple. Enrichie au cours de voyages jamais achevés en compagnie posthume d’un Richard Brautigan. Sans oublier bien sûr les indispensables confrontations avec ses aînés, Michel Carrade et Claude Stanislas, pour ne citer qu’eux. Didier Cros remet en cause obstinément, sans relâche, son travail, se régénère sans cesse aux sources du vivant, du vécu, des proximités éprouvées, pour affronter l’espace et la couleur au delà de la figure.

 

Le nu, l’arbre, l’oiseau, le paysage, le portrait sont autant de défis qu’il relève avec l’angoisse jubilatoire de celui qui aime et qui ose, celui qui passe du fusain à l’huile, de la presse à monotype aux terres cuites devant l’atelier. Et les lavis, et les aquarelles, et la mine de plomb… Didier Cros n’a de cesse de peindre et dessiner et sculpter…

 

“Peindre l’arbre revient pour moi à égarer l’oeil dans le fouillis des frondaisons afin d’en ramener des forces agissantes - des rythmes, des lumières - un peu comme l’on avance en pays inconnu afin d’en percer le secret. Une lecture peu à peu devient possible, alors le paysage se crée.” Didier Cros